La force

Critères – Mesures – Cotation

Aujourd’hui, le confort d’une salle de sport semble pouvoir apporter ce qu’il faut pour entretenir sa forme physique et acquérir la force. Le pratiquant d’une discipline sportive est considéré comme « sportif » et le vainqueur de tel ou tel discipline acquiert le titre d’athlète.

salle sport fitness haltère femme

Quelle “force” y acquiert-on?

Mais qu’en serait-il face à la nécessité de réagir devant un obstacle imprévu?  Ou de se déplacer rapidement ou longtemps, sur un sol inégal ou semé d’embûches, de grimper en équilibre pour fuir un danger? La forme physique, le sang froid, l’énergie, la réactivité ne feront-ils pas défaut aux adeptes des salles ou des terrains aménagés, ou des sports spécialisés?

La force ne se réduit pas à une musculature cultivée au poids du corps ou des haltères. Ou bien à une performance acquise dans un domaine particulier ou à une victoire remportée contre un adversaire. Sa définition est plus complexe.
Etre fort signifie posséder une aptitude générale à répondre physiquement et mentalement aux obstacles ou épreuves matériels ou moraux.  Et non pas une faculté particulière dans un domaine précis.
Georges Hébert, dans son livre « Le code de la force », a défini les différents éléments qui constituent la force, dans le domaine purement physique, comme ci dessous :

1° Les critères de force

1° L’endurance

Haussières en cours de rupture
  • L’endurance et la résistance, également appelé « fond », sont la faculté de produire un effort quel qu’il soit, ou bien de supporter la fatigue, de manière prolongé.
    Cet élément de force dépend essentiellement de la valeur de fonctionnement des organes internes et plus particulièrement :

    • Du cœur,
    • Et des poumons.

    Elle est la conséquence naturelle de l’entraînement régulier et méthodique et surtout de l’effort soutenu en général et des déplacements en particulier.
    Elle dépend également d’une vie saine et sans excès et est intimement liée à l’état de santé. Elle est la qualité essentielle de la force.

2° La puissance musculaire

La puissance musculaire est la capacité d’exécuter avec les différentes parties du corps des efforts suffisants en tout sens (tirer, pousser, lever, grimper, lancer, porter, se défendre etc…).

Elle dépend non seulement du degré de développement des muscles mais également de l’excitation nerveuse qui leur est communiquée par la volonté, c’est-à-dire par la puissance du système nerveux.

3° La vitesse

 

La vitesse est la faculté de se déplacer rapidement ou d’accomplir des gestes vifs, des détentes rapides, des départs rapides, etc.

Elle dépend non seulement de la sensibilité du système nerveux et de sa puissance, mais également de la qualité musculaire et de la souplesse des articulations.

Les muscles fins et longs, typiques du développement naturel, sont plus favorables aux mouvements vifs que les muscles gros et courts.

4° L’adresse

L’adresse est l’habileté à se servir de ses muscles et à utiliser ses aptitudes pour obtenir un résultat précis.
Elle permet d’économiser ses forces et recule l’apparition de la fatigue.
La maîtrise nerveuse est la première condition de l’adresse. Pour exécuter un geste précis, il faut déjà concevoir cérébralement, puis transmettre nerveusement pour enfin exécuter musculairement (qui dépendra également de la souplesse articulaire).

En cas de mauvaise transmission nerveuse, le geste aura un degré de précision bien moindre. Un lancer d’adresse ou un équilibre seront couronné de succès non pas par une capacité musculaire, mais simplement par la parfaite coordination entre la conception du bon geste, la puissance nécessaire, la direction etc.

5° Les qualités d’actions

Les qualités d’actions sont des qualités telles que l’énergie, la volonté, le courage, le sang froid, le coup d’œil, la décision, la fermeté ou la ténacité. Ou bien encore la confiance dans sa propre valeur pour vaincre ses peurs, la maîtrise du vertige ou la résistance aux douleurs.

Si la dimension purement « physique » est un aspect capital de la force, la part du facteur psychique ou mental en est une valeur essentielle: un sujet doué bien entraîné mais auquel fait défaut l’énergie ou le courage est désarmé face aux obstacles ou épreuves.

6° La technique

La « technique » est la connaissance des procédés d’exécution des exercices naturels et utilitaires indispensables, et en même temps, un degré suffisant d’aptitude dans chacun d’eux ( marche, course, saut, grimper, quadrupédie, équilibre, lancer, lever-porter, défense et natation).

7° L’endurance “organique”

Il s’agit là de l’endurance de l’organisme aux différentes agressions. La résistance au froid, à la chaleur, aux intempéries, à la douleur font partie de la résistance générale citée ci dessus.
D’une façon plus globale, il s’agit de la capacité du corps à conserver la santé en toutes circonstances, à résister, du mieux possible, aux maladies, privations, microbes, virus…

 

 

 

 

 

Enfin il y a lieu de considérer que la force peut, malheureusement, tout aussi bien servir le bien…que le mal. Aussi à toutes ces qualités « physique » il faut y rajouter une qualité d’un autre ordre: éthique. Et ce afin d’orienter tout cet acquis vers un bien supérieur, dans une voie utile, juste et bienveillante.
Comme précisé dans les principes, la vraie force ou une vraie éducation est une synthèse que Georges Hébert synthétisait comme suit:

« La vraie force réside non pas seulement dans les muscles, le souffle, l’adresse… mais avant tout, dans l’énergie qui l’utilise, la volonté qui la dirige ou le sentiment qui la guide. »

Georges Hébert – La Méthode naturelle – Tome 1

 

 

2° La mesure de la force

Après avoir défini l’étendue de la force, il s’agit de s’interroger sur la manière de mesurer cette dernière.
S’il est relativement aisé de mesurer le niveau d’un sujet en mathématiques ou en anglais, qu’en est t’il…de la force ?
Comment pouvoir également en mesurer l’évolution, ou bien comparer deux personnes entre elles ?

Une comparaison parlante:

Lequel est le plus fort ?…

La réponse n’a rien d’évident…

La mesure de la force permet à chacun de mieux se connaître. Elle donne aux entraîneurs un outil précieux de comparaison et de suivi des progrès effectués. Elle permet en outre de rapidement découvrir les points faibles et d’orienter l’entraînement en conséquence pour y palier.
Elle pourrait s’effectuer, par exemple :

  • Par de simples prises de mensurations (tour de bras ou de mollet etc…). Et de les comparer à des échelles préétablies afin de pouvoir en déduire un niveau.
  • Ou bien par l’ enregistrement de paramètres, par toutes sortes d’instruments, pour mesurer la capacité respiratoire, la puissance du cœur, ou encore la force des bras ou jambes etc…

Pour autant, ces mesures ne donneront jamais d’indications précises sur la valeur de la force, au sens hébertiste du mot. D’un point de vue pratique et utilitaire, il n’y a qu’un seul moyen de déterminer avec certitude la valeur réelle d’une personne:  c’est de voir cette dernière exécuter, réellement, des exercices concrets et d’ avoir les moyens de « noter » ses performances.

Les 12 épreuves mesurables avec performances cotées

Il s’agit de déterminer une série d’épreuves qui synthétisent et permettre de mesurer aux mieux les différentes qualités. Et que, par ailleurs, les performances soient aisément mesurables et reproductibles tant dans le temps que dans l’espace.

Douze épreuves ont été retenues:

  • 3 courses: 1 de vitesse, 1 de demi fond, 1 de fond
  • 4 sauts : en hauteur et en longueur, chacun avec et sans élan
  • 1 grimper
  • 1 lever
  • 1 lancer
  • Et 2 épreuves de natation: distance et plongée

 

 

3° La cotation des épreuves

Les épreuves sont cotées en points, d’une manière originale et facilement compréhensible, d’après une échelle établie de la manière suivante :
La cote « zéro » (0) caractérise le niveau de base qu’une personne doit être en mesure d’atteindre.
Cette cote « médiane » sert de bascule, à l’image d’une balance, entre les:

  • performances insuffisantes (qui seront alors négatives, et en théorie sans limite basse)
  • et les performances supérieures (qui seront alors positives et en théorie sans limite haute!).

 

 

 

 

 

 

 

Niveau d’aptitude symbolisé par un thermomètre
permettant de comprendre le principe de cotation, le zéro servant de point d’équilibre entre insuffisamment et plus ou moins développé.

 

Le niveau de base est évidemment variable en fonction de l’âge et permet d’évaluer les progressions.

Ce niveau est également variable en fonction du sexe. Si, chez les jeunes enfants, il est sensiblement le même chez les filles et les garçons, une différenciation dont il faut tenir compte apparaît à la préadolescence vers 11-13 ans.

Exemple de fiche pour un moniteur, permettant de connaitre la valeur de personnes qu’il aurait à entraîner.