1919 : La Palestra – l’Alcyon
À la fin de la guerre:
- Hébert a 43 ans et est invalide d’un bras à la suite de sa blessure.
- Il est réformé par l’armée.
- Le Collège d’Athlètes de Reims est en ruine, victime des bombardements dès le début de la guerre.
- Plusieurs de ses collaborateurs ont été tués.
- Demeny est mort en 1917.
- La paix revenue, les mouvements sportifs sont favorisés et abandonnent peu à peu la méthode Hébert.
- L’armée elle-même, qui avait été chercher Hébert pour la pertinence de la Méthode naturelle, s’en désintéresse en faveur d’entraînement moins utilitaires! (Elle y reviendra plus tard quand les mêmes causes produiront les mêmes effets…).
Malgré cette ambiance, Hébert rassemble quelques monitrices formées à Reims, fonde en 1919 à Deauville, un collège gymnique pour femmes et enfants :
« la Palestra »
Une révolution à cette époque, où l’émancipation et l’éducation physique des femmes n’était guère considérée.
Un autre établissement du même type que la Palestra, sera également créé au Château des Bormettes à La Londe-les-Maures.
Il en confiera rapidement la direction à Yvonne Moreau.
C’est une ancienne élève de Demenÿ et du collège de Reims. Il l’épousera en 1923. Ils auront deux enfants : Jeanne et Régis.
À la Palestra, Yvonne et Georges Hébert développent une vision large qui comprend :
- Un entrainement physique complet par la Méthode Naturelle.
- L’apprentissage de tous les travaux manuels courants :
- travaux ménagers : ménage, cuisine, couture , peinture, entretien, réparation d’une maison
- travaux de jardinage : utilisation des outils , jardin d’agrément et jardin potager
- Culture morale et mentale : ordre, exactitude, franchise, sens du devoir, harmonie, respect des règles communes, bonne humeur.
- Une culture intellectuelle : des cours se rapportant à l’éducation physique, à la littérature ou à l’histoire,
- Une culture artistique : conférences sur l’art et l’antiquité; danses et chants.
- Une initiation naturiste (dans le sens philosophique, à ne pas confondre avec nudisme) : nourriture saine, bains d’air et d’eau, etc.
La Palestra « s’exporte » également en Angleterre.
Yvonne Hébert est très dynamique et d’un naturel discret. Elle signe des articles sous un pseudonyme « la monitrice ».
Par ailleurs, elle prend une part active à la rédaction du livre « Muscle et beauté plastique féminine » où l’on sent une forte influence du sculpteur Rodin.
En 1922, Georges Hébert fait reparaître la revue trimestrielle:
“L’Education Physique” qu’il dirigera jusqu’en 1955, peu avant sa mort. Il pourra mieux diffuser sa pensée. La Méthode connaît alors un grand rayonnement auprès du monde éducatif et sportif. |
En 1925, il fait paraîre un ouvrage intitulé:
“Le Sport contre l’Education physique”.
La polémique est intense: il y dénonce les dangers et méfaits physiques, sociaux et moraux du sport dans sa conception dévoyée (sport spectacle – argent – violence – drogue – trucage).
Le constat fait aujourd’hui montre à quel point ce livre était en avance sur son temps.
Ce sera l’époque ou Georges Hébert se brouillera définitivement avec Coubertin (qui avait soutenu Hébert pour la Direction du collège de Reims), leur conception étant trop divergente.
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En 1930, Georges Hébert, âgé de 55 ans, fonde la première école nautique féminine au monde à bord de l’Alcyon, un trois mâts goélette offert par un mécène.
Il prouve ainsi, que les femmes ont les mêmes qualités physiques et surtout de caractère que les hommes. On avait jamais vu de femmes dans la mâture d’un navire! Georges Hébert montrait également là une grande avance sur son temps.
Cette école aura un franc succès. Malheureusement, le mécène ayant eu un revers de fortune, Hébert lui rend le navire qui est alors vendu.
C’est à la suite de cette initiative originale que la Marine nationale mettra en chantier la construction de deux voiliers-écoles, l’Étoile et la Belle-Poule, qui prendront la mer en 1932 et qui sont toujours en service de nos jours.
Par ailleurs, malgré l’indifférence des pouvoirs publics, que Georges Hébert dénoncera régulièrement (considérant qu’il est du rôle de l’État d’enseigner, au même titre que l’éducation “intellectuelle”, l’éducation physique à la jeunesse), il est consulté, tant par des organismes et écoles publiques ( Pompiers, SNCF, EDF, La police Parisienne etc…) que privés (mouvements Scouts, usines Michelin, Ecoles des Roches etc…). Tous adoptent la méthode au sein de leurs structures ou établissements. Cette adoption assurera, la aussi, une très large diffusion de la méthode.
Il rencontre à cette époque un belge, Marcel Beugnier, qui avec 2 de ses proches, Alexandre et Nelissen, jouera ensuite un rôle important dans la transmission et la préservation de sa doctrine en la diffusant largement en Belgique après la guerre et en créant la « Fédération Belge d’éducation par la Méthode naturelle ».
Par ailleurs, un peu partout en France et dans le monde, (Allemagne, Autriche, Australie, Belgique, Canada, Cuba, Espagne, Hongrie, Italie, Jordanie, Liban etc… ) des centres qui se nommeront eux mêmes “hébertistes” se forment, à l’initiative de personnes privées, et mettent en application les enseignements de Hébert. Celui-ci constate, mais n’a aucun lien avec ces centres.
Il a souvent été dit que Georges Hébert aurait pu faire fortune avec sa méthode, mais il n’a jamais demandé quelconque royalties pour l’utilisation de cette dernière.